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dimanche 19 juin 2011

Le retour incertain du président du Yémen d'Arabie Saoudite

Le Monde François-Xavier Trégan

SANAA, CORRESPONDANCE - Depuis son hospitalisation en Arabie Saoudite, le 4 juin, la question de l'état de santé du président Ali Abdallah Saleh et de son retour au Yémen n'en finit plus d'alimenter les spéculations. Un jour annoncé "au plus mal" par les uns, la santé du chef de l'Etat serait finalement en "constante amélioration" pour les autres. Ce vendredi 17 juin, un responsable du royaume saoudien, sous couvert de l'anonymat, l'affirmait : "le président ne reviendra pas au Yémen". Sans tarder, plusieurs sources officielles yéménites, dont le vice-ministre de l'information, Abdou Al-Djanadi, annonçaient le retour d'Ali Abdallah Saleh dans les tous prochains jours.

Alors que les informations alarmantes sur l'état de santé d'Ali Abdallah Saleh proviennent généralement de sources saoudiennes anonymes, les démentis sont sans surprise rédigés par des proches du chef de l'Etat. Dans le creux de ces informations contradictoires, se lisent les souhaits profonds des camps en présence.

SERVICES DE SÉCURITÉ

Pour les opposants yéménites, l'attaque du palais présidentiel du 3 juin marque clairement un tournant qu'ils comptent bien exploiter. Dès l'annonce du départ d'Ali Abdallah Saleh pour Riyad, la place du Changement, le foyer de la contestation, s'était animée d'une euphorie inédite depuis plusieurs semaines. Les manifestants, venus très nombreux, célébraient une première victoire majeure, annonciatrice d'un "nouveau Yémen". Ils appelaient le vice-président Mansour Haddi, nommé chef de l'Etat par intérim, à engager au plus vite le processus de transition politique. "Ne soyons pas orgueilleux, mais attentifs et prudents", tempérait alors Walid al Amari, l'un des principaux leader du mouvement révolutionnaire.

Car malgré l'absence du président de Sanaa, le clan Saleh restait bel et bien aux commandes des principaux services de sécurité de l'Etat. Cantonné au périmètre de sa résidence, située à proximité du foyer des opposants, le vice-président observait, impuissant, Ahmed Ali, l'un des fils du chef de l'Etat et chef de la garde républicaine, prendre place dans le palais présidentiel. Le mercredi 8 juin, tard dans la soirée, un déluge de feu s'abattait dans le ciel de la capitale. Les partisans du président célébraient à coup de rafales de Kalachnikov et de tirs d'obus la sortie d'Ali Abdallah Saleh des soins intensifs de Riyad. La démonstration avait valeur d'avertissement pour tous ceux qui voulaient croire que ce voyage pour l'Arabie serait sans retour.

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